Dans cette catégorie, nous
regroupons différents romans, plus ou moins proches de la réalité, qui mettent
en scène la bataille de deux champions d’échecs pour le titre mondial, donnant
généralement lieu à une étude de profils psychologiques opposés et à de
complexes intrigues autour de l’échiquier.
« Partie remise » de
Thomas Glavine (ed.
Pauvert, 2001). Ce ouvrage
s’appuie sur le fameux match
pour le titre suprême
disputé durant l’hiver 1910
entre Karl Schlechter (qui
apparaît dans le rman sous
le pseudonyme de Carl
Haffner) et Emmanuel Lasker
(qui apparaît sous son
propre nom), et qui vit ce
dernier conserver son titre
sur un match nul alors qu’il
était mené d’une partie
avant de jouer l’ultime
partie du match (ça ne vous
rappelle rien ? Cette
situation s’est en fait
reproduite deux fois depuis,
en 1987 dans le match
Karpov-Kasparov, et en 2004
dans le match Leko-Kramnik).
Haffner, d’un naturel plutôt
défensif, plutôt que de
jouer pour la nulle dans
cette dernière partie, ce
qui lui assurerait le titre,
décide de forcer sa nature
et de jouer une partie
d’attaque. Un roman autour
du destin d’un génie des
échecs qui, au moment
crucial, refuse de vaincre.
« La tour prends garde »
d’Arrabal (Ed.
Grasset, 1984). Le titre
mondial est en jeu : pour la
24ème et dernière
partie du championnat, dans
un religieux silence, deux
superdoués s’affrontent aux
échecs. L’un s’appelle Elias
Tarsis, Andorran par hasard,
mais Espagnol de souche et
d’éducation, il est homme
d’instinct, génial,
frénétique, fulgurant.
L’autre se nomme Mar
Amary.C’est un Suisse
impénétrable, un chercheur,
un théoricien, presque un
diabolique robot. Mais
tandis que progresse leur
duel sans merci, un
véritable roman d’espionnage
se déroule en contre-point
de cette partie mémorable. A
mesure qu’on en apprend
davantage sur la jeunesse
aventureuse de Tarsis et les
relations insoupçonnables d’Amary
avec le terrorisme
international, le réseau de
coïncidences se resserre peu
à peu sur les adversaires,
en un suspense à chaque
instant plus intense, plus
insolite : inéluctable. En
mêlant comme lui seul sait
le faire l’érotisme au
sacré, l’humour à la
politique-fiction et
l’imagination visionnaire à
sa connaissance passionnée
des échecs, Arrabal, le
célèbre chroniqueur de
l’Express, réussit le plus
hallucinant, le plus
révélateur des mariages :
celui de son délire unique
avec l’universelle folie de
notre époque.
« Fous d’échecs » de
Rezvani (Ed. Actes
Sud, 1996). A la veille
d’une partie décisive, le
petit monde des joueurs
d’échecs est frappé de
stupeur : le champion en
titre, bouleversé –
semble-t-il – par de graves
événements, prétend renoncer
à la compétition. On
découvre que deux femmes,
qui exercent une souveraine
influence sur le champion,
ont engagé un duel
terrible : sa Mère, et
l’obèse Wanda. Une Reine
blanche, une Reine noire …
Rezvani construit un drame
dans lequel l’art des échecs
libère peu à peu son contenu
mythique, et explore à
travers lui l’idéologie de
la conquête, dans une
passionnante symbolisation
de la masculinité et de la
féminité primordiales. |