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Echiquier du Roy René - Aix-en-Provence

Echecs et littérature

La littérature foisonne d'oeuvres utilisant le jeu d'échecs comme thème central ou comme métaphore essentielle à l'articulation du scénario, et cela dans tous les genres, de la grande littérature classique ou moderne à des genres très spécifiques comme le roman policier ou la science-fiction.

En outre, on trouve certains romans que nous classons ici dans une catégorie à part ("batailles de champions"), qui mettent en scène l'affrontement de deux champions pour le titre suprême.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                      Grande littérature classique                  Grande littérature moderne 

       Romans policiers             Science-fiction & fantastique               Batailles de champions

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anonyme

La Chanson de Roland

 

 

 

 

 

 

 

MONTAIGNE

Essais

 

 

 

 

 

 

 

 

Edgar A. POE

Histoires grotesques et sérieuses

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lewis CARROLL

A travers le miroir

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Stefan ZWEIG

Le joueur d'échecs

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vladimir NABOKOV

La défense Loujine

On trouve déjà au Moyen-âge, dans « La Chanson de Roland » (Livre de Poche, n° 4 524) des allusions à la pratique du jeu : « Les chevaliers sont assis sur des couvertures blanches, ils jouent aux tables pour se divertir ; ceux qui sont vieux et plus sages font des parties d’échecs, les jeunes sportifs, eux, de l’escrime. »

Montaigne y fait référence dans ses « Essais », mais pour le dénigrer ! « Je le ( le jeu d’échecs) hais, et fuis, de ce qu’il n’est pas assez jeu et qu’il nous ébat trop sérieusement, ayant honte d’y fournir l’attention qui suffirait à quelque chose… »

 

 

Au Siècle des Lumières, Voltaire, Diderot et Rousseau montrèrent un vif intérêt pour le jeu, et fréquentèrent en particulier le célèbre Café de la Régence, ainsi que l’évoque Diderot : « Si le temps est trop froid, ou trop pluvieux, je me réfugie au café de la Régence à voir jouer aux échecs. Paris est l’endroit du monde, et le café de la Régence est l’endroit de Paris où on l’on joue le mieux à ce jeu. C’est chez Rey que font assaut Legal le profond, Philidor le subtil, Le solide Mayot, qu’on voit les coups les plus surprenants et qu’on entend les plus mauvais propos ; car si l’on peut être homme d’esprit et grand joueur d’échecs comme Legal, on peut être aussi un grand joueur d’échecs et un sot comme Foubert et Mayot. »

 

Au 18ème siècle, Edgar A. Poe s’intéresse à un aspect particulier du jeu : le développement des automates, et en particulier le plus célèbre d’entre eux, dit du Joueur de Maelzel – préfiguration de nos modernes ordinateurs d’échecs -, du nom de l’acquéreur de cet automate qui suscita l’admiration et l’étonnement dans toute l’Europe en battant de nombreux forts joueurs, et dans « Le joueur d’échecs de Maelzel » (inclus dans le recueil « Histoires grotesques et sérieuses »), il démontre magistralement la supercherie qui consistait à cacher un joueur de petite taille dans les entrailles de la machine. Dans un autre ouvrage intitulé « Double assassinat dans la rue Morgue », il porte ce jugement sur le jeu d’échecs : « Je prends donc cette occasion de proclamer que la haute puissance de réflexion est bien plus activement et plus profitablement exploitée par le modeste jeu de dames que par toute la laborieuse futilité des échecs. Dans ce dernier jeu, où les pièces sont douées de mouvements divers et bizarres, et représentent des valeurs diverses et variées, la complexité est prise – erreur fort commune – pour de la profondeur. L’attention y est puissamment mise en jeu. Si elle se relâche d’un instant, on commet une erreur, d’où il résulte une perte ou une défaite. Comme les mouvements possibles sont non seulement variés, mais inégaux en puissance, les chances de pareilles erreurs sont très multipliées ; et dans neuf cas sur dix, c’est le joueur le plus attentif qui gagne et non pas le plus habile ».

Au 19ème, il faut surtout mentionner l’oeuvre extraordinaire de Lewis Carroll, « À travers le miroir », publiée à Londres en 1872 (Ed. Aubier-Flammarion, 1971), et conçue comme une suite d’ « Alice au Pays des Merveilles ». Après avoir tenté d'enseigner les échecs à son petit chat, Alice décide de passer "de l'autre côté du miroir". Là, elle accomplit un étrange voyage dans un pays structuré à la façon d'un échiquier, rencontrant de nombreux animaux étonnants et plusieurs personnages extraordinaires. Parmi eux, un roi d'échecs qui se réjouit qu'elle ne puisse voir "personne à cette distance" et une reine qui promet de la confiture "pour chaque lendemain". Après toutes sortes d'aventures, Alice finit par atteindre la huitième case de l'échiquier et donc devient reine, comme le pion promu au jeu d'échecs véritable. Elle préside alors un banquet fastueux et féerique.

Nombreuses ont été les études des spécialistes pour savoir si oui ou non le parcours d'Alice était construit comme une partie ou un problème d'échecs. Dans l'idée que l'on se fait d'un parcours échiquéen, cela semble évident. Mais dans l'exactitude strictement échiquéenne de la marche des pièces, les libertés prises par Lewis Carroll sont trop grandes pour lire au premier degré dans cette histoire le déroulement d'une partie d'échecs. Heureusement pour la littérature, qui ne peut fonctionner sans soupape ni sans transgresser elle-même les modèles et les schémas qu'elle s'impose.

 

Quant au 20ème siècle, les deux références incontournables sont évidemment « Le joueur d’échecs » de Stefan Zweig et « La Défense Loujine » de Vladimir Nabokov.

 

« Le joueur d’échecs » de Stefan Zweig (Livre de Poche, n° 7 301)

" Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec lucidité, j'éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m'a procuré, ainsi qu'à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même.

Mais, à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d'errance. Aussi, je pense qu'il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie le plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde.

Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux."

                                                              Stefan Zweig, Pétropolis, 22-2-1942

Tel est le dernier texte que Stefan Zweig rédigea la veille de sa mort, juste après avoir écrit son dernier roman, « Le joueur d’échecs », en 1941, alors que, réfugié au Brésil, il assistait, impuissant, à la guerre qui faisait rage en Europe et qui détruisait son pays d’origine, l’Autriche, ainsi que son pays d’adoption, l’Angleterre, où il s’était établit pour fuir les persécutions antisémites.

Le format du roman s’apparente davantage à une nouvelle (c’est d’ailleurs ainsi que Stefan Zweig le définit) avec un texte très condensé. Il fut publié après la mort de son auteur, et connut immédiatement un succès fulgurant. Il constitue aujourd’hui l’une des grandes références de la littérature mondiale, et représente toujours un succès de librairie dans le monde entier.

La trame du récit oppose, sur un paquebot de croisière entre New-York et Buenos Aeres, deux joueurs d’échecs que tout oppose. L’un, Czentovic, doué pour le jeu depuis son enfance, champion du monde arrogant et sans culture, ne joue plus que comme professionnel et pour de l’argent. Le second, le docteur B., est un amateur qui ne joue que par passion, comme une monomanie qui représente sa seule raison de (sur)vivre.

Et c’est surtout l’histoire singulière de ce deuxième joueur que l’œuvre de Stefan Zweig nous fait découvrir. Comment le jeu d’échecs, découvert par hasard dans une prison de la Gestapo où il était privé de tout contact extérieur, lui a permis de résister et de ne pas céder, de supporter la solitude mentale organisée comme torture par ses geôliers.

Ce roman est un roman sur le bien et le mal, où le jeu d’échecs symbolise la puissance de l’esprit pour résister à la folie et au vide du néant, et où les deux joueurs aux styles si opposés sont une métaphore de l’humain face à l’inhumain, de la civilisation face à la barbarie, de l’indépendance d’esprit face au pouvoir. Mais jouer aux échecs pour échapper à la folie ne conduit-il pas à tomber dans une autre forme de folie ?...

 

 « La Défense Loujine » de Vladimir Nabokov (Folio , N° 601).

L’auteur est né en 1899 dans une famille aristocratique libérale anglophile, qui s’exile à Londres après la révolution russe d’octobre 1917. Son père y est assassiné en 1922 par des fascistes russes. Vladimir vivra ensuite à Paris, avant de prendre la nationalité américaine, puis de finir sa vie en Suisse où il décède en 1977.

Il fut un bon joueur d’échecs, et « La Défense Loujine », qui est son premier roman, publié en 1930, a pour thème la fascination qu’exerce ce jeu sur ceux qui le pratiquent. Il écrira de nombreux autres romans, tels que « Le don » (1937), « Feu pâle » ou « Ada ou l’ardeur ».. Certains sont devenus célèbres et ont fait l’objet d’une adaptation cinématographique, tels que « Lolita » (publié en 1955, qui fit scandale à son époque, et fut publié pour sa première édition par un éditeur pornographique à Paris, avant d’être adapté au cinéma par Stanley Kubrik), « Despair » (adapté au cinéma par R.W. Fassbinder) et enfin « La Défense Loujine » qui fut mis en image par Marleen Gorris en 2001. En 1941, il publiera un autre roman sur le thème des échecs, son premier roman en langue anglaise, « La vraie vie de Sebastian Knight ». Il faut également noter que « Lolita » regorge de métaphores échiquéennes pour décrire les stratégies de conquête amoureuse du héros séducteur.

Le roman dont il est question ici conte l’histoire d’un jeune joueur prodige, Loujine, dont la vie bascule petit à petit dans la folie et l’obsession après qu’il ait découvert fortuitement le jeu d’échecs dans sa jeunesse. Il finit par voir toute la vie à travers le prisme des échecs, jusqu’à devenir incapable de distinguer le monde réel de celui des cases noires et blanches : « Horreur, mais aussi harmonie suprême: qu'y avait-il en effet au monde en dehors des échecs? Le brouillard, l'inconnu, le non-être... ». Il se montre par ailleurs incapable de nouer des rapports normaux avec les êtres humains de son entourage, et en particulier avec les femmes, dont la jeune aristocrate Natalia, qui s’éprend de lui lors d’un grand tournoi d’échec auquel elle est venue assister dans le nord de l’Italie.

Un grand roman de la littérature russe du XXème siècle, qui montre le Noble Jeu sous son jour le plus sombre, quand l’esprit d’un homme s’y adonne entièrement, à l’image d’un drogué qui ne vit que pour sa dose. Un personnage réel comme Bobby Fischer est probablement très proche dans la construction de sa personnalité du personnage fictif qu’est Loujine.

 

 

 

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