Dans cette catégorie, la référence
absolue est sans aucun doute
« Le tableau du maître flamand »
d’Arturo Perez-Verde (Livre de Poche, n° 7 524). Une brillante enquête
policière, où le seul indice de l’enquêteur est une position d’échecs, figurant
sur un ancien tableau flamand, qui se révèle être une position d’analyse
rétrograde (extrêmement intéressante d’ailleurs au plan échiquéen). L’enquêteur
devra décrypter les mystères de la position pour anticiper sur les actions de
l’assassin et déjouer ses mauvais desseins. Publié en 1990 en Espagne, le succès
de ce roman ne se dément pas depuis dans toute l’Europe, y compris auprès de
publics peu familiers de l’analyse rétrograde !
D’autres romans intéressants
relevant de l’intrigue
policière ou de l’espionnage
sont :
« La position de
Philidor » de
René-Victor Pilhes
(Folio, n° 2 757). Dans le
cadre subtilement analysé du
milieu d’affaires transporté
dans un village de montagne
le temps d’une chasse au
sanglier, un week-end de 11
novembre, René-Victor Pilhes
signe avec « La position
de Philidor » un crime
si parfait que l’on pense,
en suivant les pions se
mettre en place sur
l’échiquier du crime, à cet
art magistral de la
préméditation du jeu
d’échecs. Pas de hasard, le
crime est diabolique,
« vicieux et mirobolant ».
Le mécanisme est implacable,
programmé par un cerveau
dont les capacités sont
dévoyées par la haine.
« Le réseau Copernic »
de Michel Noir (Ed.
Actes Sud – Les Angles,
2000). A Rome, une
chercheuse en
psychopathologie des
criminels en série est
retrouvée assassinée. Son
amant a disparu sans laisse
de trace. A Lyon, une bombe
dévaste un hôtel-casino. Un
groupe terroriste inconnu
revendique l’attentat par le
biais d’u message
électronique expédié du
Vatican. Deux enquêtes
s’ouvrent simultanément mais
de façon indépendantes en
Italie et en France et, à
l’insu des commissaires
responsables, le seul indice
sérieux autant que troublant
est la présence sur les
lieux du crime d’un recueil
de parties de Morphy,
ouverte à la 53ème
partie, comme une signature
ou un indice
(in)volontairement laissé
par l’assassin. Une intrigue
policière complexe imaginée
par l’ancien ministre et
député-maire de Lyon.
« Echec et mat » de
Stephen Carter (Ed.
Robert Laffont – Best
Sellers, 2003). Après la
mort d’Oliver Garland, juge
noir irascible et
autoritaire, républicain
ultraconservateur, et
amateur d’échecs, la thèse
officielle est celle d’une
crise cardiaque. Mais sa
fille Mariah est convaincue
qu’il s’agit d’un
assassinat. Et son fils
Talcott, le seul des trois
enfants du juge à partager
avec lui sa passion des
échecs, se trouve entraîné
dans une partie diabolique
où il découvre certains
aspects du passé trouble de
son père, liés aux
ambiguïtés des rapports
raciaux aux Etats-Unis, aux
ambitions du monde
universitaire, aux jeux du
pouvoir politique … Un
thriller au suspense
maîtrisé jusqu’à la dernière
page autant qu’une saga
foisonnante sur les
relations sociales et
familiales de la bourgeoisie
noire américaine.
« Le jeu des Rois »
de Karine Naouri (Ed.
Arléa – Diffusion Seuil,
2000).
Grand joueur d’échecs de
classe internationale, Jan
Retkin enquête à Paris sur
la mort de son frère. Ses
recherches le conduisent
dans un milieu trouble, où
règnent la corruption, le
mensonge, le compromis… Au
centre de ce système, un
être étrange, Stanislas
Crajcko, manipule les hommes
et les destins comme des
pions. Aussitôt, s’engage
entre les deux hommes une
lutte où l’échiquier est un
champ de bataille ; chaque
case y découpe avec la
précision d’une lame la
frontière entre le noir et
le blanc, l’ombre et la
lumière.
A noter également une œuvre
peu connue de William
Faulkner, écrite en
1981, sous forme d’une
nouvelle intitulée « Le
gambit du cavalier » qui
donna son titre à un recueil
(Folio, n° 2 718) de cinq
nouvelles policières mettant
en scène cinq figures
criminelles mues par la
haine ou l’intérêt, et ayant
toutes pour héros commun le
procureur d’une petite ville
du Mississipi. Dans la
nouvelle qui nous intéresse,
celui-ci démêle une
situation où le comportement
des personnages ressemble à
ceux des pions d’une partie
d’échecs perdue par son
neveu. |